Le nom actuel de Torcé-en-Vallée a remplacé définitivement en 1919 les appellations anciennes de Torcé et Notre-Dame-de-Torcé.
La commune occupe un territoire de 16,86 km2.
Elle est arrosée par la Vive Parence qui prend sa source au sud-ouest de la forêt de Bonnétable et coule sur près de 25 km avant d’affluer dans l’Huisne à Yvré l’Évêque.
La géologie locale est dominée par les sables et le grès du Cénomanien datant d’entre 92 et 96 millions d’années (ère secondaire, période du Crétacé). Toutefois les vallées de la Vive Parence et du ruisseau du Moulin aux Moines présentent des dépôts alluvionnaires plus récents. En dehors de quelques buttes généralement couvertes de bois comme celles du Pavé, du Haut-Moulin, de La Brulonnière, et du Grand Bauray, le reste de la commune présente un relief moyen de 85 mètres d’altitude.
En 2021, la commune compte 1 430 habitants soit 646 de plus qu’en 1990. Cette croissance soudaine intervient après une longue période d’exode rural amorcée dès le second quart du XIXe siècle. En effet, après avoir atteint son maximum de population en 1831 avec 1 701 habitants, Torcé, à l’image de la plupart des communes rurales, connaît ensuite un long déclin.
Cependant, située à mi-chemin des bassins d’emploi du Mans et de La Ferté-Bernard, la commune est désormais convoitée par les citadins qui s’installent le plus souvent dans des zones pavillonnaires développées à la périphérie du bourg ancien. Cette évolution démographique s’accompagne d’une transformation des activités locales.
L’agriculture fut l’activité dominante jusqu’au XXe siècle mais le nombre d’exploitations n’a cessé de se réduire depuis les années 1950. Encore au nombre de 180 en 1953, il en restait une trentaine à la fin des années 1970 et seulement 13 en 2015. Ces dernières, traditionnellement orientées vers la polyculture et l’élevage, se sont agrandies. Aujourd’hui, Torcé est une commune résidentielle où se développent les services à la population, à l’image du nouveau groupe scolaire achevé fin 2013.
Développement du peuplement et voies de communication
Attestée dès le néolithique par la présence du dolmen (vers – 4000), l’occupation humaine de Torcé fut probablement intermittente à cette époque.
Le peuplement dans le secteur de Torcé fut facilité au cours des premiers siècles de notre ère grâce à l’existence de la voie gallo-romaine Le Mans-Vieux (près d’Evreux). Le tracé de cette voie, aujourd’hui confondu avec le chemin dit de la Huchette sur la portion située entre La Picaudière et Le Petit Chesnay, marque encore la limite entre les communes de Torcé-en-Vallée et Beaufay. C’est d’ailleurs à proximité de cette voie, dans le champ des Trois Barreaux dépendant de La Blanchardière, qu’un carrier mit au jour, en 1874, un trésor monétaire constitué de plus de 8000 monnaies de bronze du IIIe siècle réparties dans deux vases de terre cuite. Aussi, si Torcé n’est mentionné qu’au XIe siècle, son peuplement est probablement antérieur. D’ailleurs, le village voisin de Beaufay est mentionné comme Vicus publicus, sorte de petite agglomération à vocation administrative et économique, dès 796.
Au Moyen Age, cet axe routier fut complété par un nouveau chemin parallèle situé plus à l’est. Connu sous l’appellation de chemin Mansais, il reliait Paris au Mans par Bellême et Bonnétable. Ce grand chemin devint la première route royale traversant le Maine au XVIIIe siècle, mais il perdit ensuite son importance avec la création de la route royale ouverte par La Ferté- Bernard à partir des années 1772. Le réseau de chemins secondaires, établi anciennement et amélioré au XIXe siècle, forme encore une grande partie du réseau viaire actuel.
Il fut complété momentanément par la desserte ferroviaire de la ligne des tramways de la Sarthe, reliant Le Mans à La Ferté- Bernard via la bifurcation de la Détourbe (commune de Bonnétable). Cette ligne, ouverte en 1897, facilita les déplacements des habitants vers Bonnétable, d’où ils pouvaient emprunter la ligne secondaire Mamers-Saint-Calais, ou vers Le Mans, noeud ferroviaire national. Déficitaire et déjà concurrencée par l’automobile, elle ferma en 1947. Si Torcé ne conserve rien d’autre qu’une rue de La Gare qui en signale l’implantation, il est encore possible d’apprécier la qualité des ouvrages d’art de cette ligne conçue par l’ingénieur Louis- Harel de La Noë, sur la commune voisine de Savigné l’Evêque, où subsiste notamment un viaduc au bord de la route du Mans.
Structuration du cadre de vie et mise en valeur des terroirs
Les premières mentions de Torcé sous la forme Torciaco apparaissent vers 1080 dans le cartulaire de l’abbaye de Marmoutier, à l’occasion de la fondation du prieuré.
Dès cette époque le territoire de Torcé semblait organisé en domaines agricoles aux mains de différents personnages, dont certains sont cités régulièrement dans les transactions seigneuriales. Ainsi dès le XIe siècle, Gilduin de Courparent était témoin de la fondation du prieuré. Aux siècles suivants d’autres noms apparaissent associés à des fiefs basés sur des lieux qui existent encore souvent de nos jours, à l’image de l’Ile (Fleuret) dès le XIIe siècle, de Touque en 1241 ou d’Alneris (Les Aulnays) en 1279. Très tôt, ces détenteurs de domaines ont profité de la Vive Parence pour établir des moulins, source de pouvoir et de revenus. Ainsi le seigneur de Fleuret construisit le moulin de Charruel (Cherruau) au tournant des XIIe et XIIIe siècles. Apparaissent ensuite dans les sources les moulins de Pualliarcs (Paillards) en 1284, les moulins et étangs de Beauroy (Beauray) en 1458 et de Rousay (Rose) en 1509.
Au Moyen Age, les terres étaient occupées par des bois (les Essarts), des landes (Bois- Olivier), des champs cultivés en céréales et en vignes mais aussi par des prairies naturelles aux abords des cours d’eau, propices au développement de l’élevage. A propos de ces dernières, la distinction faite entre l’usage de la première herbe et du regain dès 1281 annonce peut-être déjà le système de gestion complexe des prairies dites communes, répandues dans l’est de la Sarthe jusqu’au XXe siècle. Cette occupation des terres, concédées progressivement par les détenteurs des domaines seigneuriaux à la paysannerie, resta de mise jusqu’au XIXe siècle. Seules les landes et les vignes diminuèrent dans la seconde moitié du XIXe siècle avant de disparaître totalement au début du XXe siècle.
La seigneurie de paroisse de Torcé relevait en partie des domaines de Montfort et de Bonnétable et était rattachée à la seigneurie des Aulnays. Cette dernière appartenait en 1279 à Jean Taschel, au XVIe siècle aux familles Rochefort, Dyerreau puis Boisnay, laquelle détenait également Courparent et Fleuret, puis aux familles de Sallaines et de Thieslin dans le premier tiers du XVIIe siècle. La propriété fut acquise par le couvent de la Visitation du Mans vers 1679. Le site des Aulnays, composé aujourd’hui d’un logis seigneurial, d’un moulin et d’une ferme, conserve d’importantes douves remontant probablement au Moyen Age, mais le logis date de la limite des XVIe et XVIIe siècles.
A l’Epoque Moderne, d’autres propriétés comme Pontigny, la Brulonnière ou le Chesnay se distinguent, elles sont le plus souvent aux mains de bourgeois du Mans ou de Bonnétable. Ainsi, Pontigny était un fief détenu par François Gervais Levavasseur, écuyer, gouverneur de la ville et du château de Bonnétable. Le site fut ensuite converti en ferme et le logis transformé en grange.
Le Chesnay était la propriété, en 1630, de Noël Péan, docteur en médecine au Mans. Simple métairie à la fin du XVIIIe siècle, il devint, avant 1809, la propriété de Nicolas Alexandre René Chéron, régisseur du domaine du château de Bonnétable de 1784 à 1813. Sa descendante Pauline Simon, épouse Lambert, entreprit la construction du château actuel sur les plans de l’architecte manceau Charles Lemaire en 1840.
Texte extrait de la brochure « Laisser vous conter Torcé en Vallée » éditée par le Pays d’Art et d’Histoire du Perche Sarthois, septembre 2015 . Rédactrice : Sylvie Lemercier